Brésil - Message posté le
Dure, rude aventure maintenant.
La route devient un bousier horrible pour un vélo chargé, inondée et infestée de nids de poule. Les sacoches tombent sans arrêts dans des bruits horribles. Je les remets en place à chaque fois avec moins de patience. Le soleil est terrible, surtout après dix heures de suite dans les longues pentes interminables quand il n'y a pas de vent et que j'ai épuisé toute mes réserves d'eau. Le vélo pèse aux dernières nouvelles 61kgs. C'est cette charge qu'il me faut faire avancer. Tout est bon: pousser, tirer, porter, crier, pleurer, se marrer dessus, le taper, l'insulter, le cajoler, lui raconter des blagues...
Parfois je doute de tout: pourquoi si long, pourquoi seul? Alors je me traite d'idiot et ça repart. Chaque jour apporte son lot de mauvaises choses: là je perds mes gants, ici mes lunettes se font voler, puis c'est le tour de mon réchaud de tomber en panne sans raisons apparentes... etc! Chaque jour sa casse ou sa perte. Philosophie du détachement oblige...
Mais le sage a dit: si cette bouteille est certes à moitié vide, elle est aussi à moitié pleine! Chaque jour aussi offre ses joies, ses réconforts: ici je peux voler de longues heures au dessus de l'eau turquoise, là je rencontre des gens aux histoires hallucinantes, et à aucun moment surtout, n'apparait qui que ce soit pour m'empécher de faire tel ou tel chose: la liberté, celle que je cherchais, que je suis venu chercher de si loin, que je paye avec tant d'efforts et de peine mais elle vient avec tout le bien qu'elle contient. Et ça, ça n'a pas de prix.
Superbes vols sur le site paradisiaque d'Arraial d'Ajuda. Imagez l'affaire: sea, fly and sun! La falaise cours sur 10 kms tout le long de la côte, au-dessus d'une plage sauvage géniale de recoins cachés avec dans mon dos une ribambelle d'hotels luxueux, de magnifiques jardins et un golf green style. La falaise elle-même rivalise de couleurs flamboyantes avec le soleil du couchant, du sable blanc le plus pur au rouge sang.
Mes rencontres vont de 'Bla', pilote pro qui m'accueille aussitôt dans sa maison, à Alex, Paulo et quelques autres, tous un peu étonné par le concept du vélo-parapente. Mais qui ne le serait pas?
Voler ici calmement représente la récompense de tous les efforts auparavant. Il me semble que chaque seconde de vol maintenant me donne cent fois plus de plaisir. Quelle jolie sensation que de glisser dans l'air sans efforts!
L'eau se surcharge de dérivés entre le bleu et le vert, et ce que je trouve de mieux, mis à part la température absolument indécente pour un français un mois de janvier, c'est que partout sur la côte de Bahia, sur chaque plage se niche un petit rio d'eau douce et fraiche pour se rincer du sel de l'océan. Et on me dit avoir du courage!!! J’appelle ça logique, moi.
Bahia, Minas Gerais, Rio de Janeiro, Sao Paulo and Parana sont les quelques états qu'il me reste à traverser un à un, au Brésil avant d'atteindre les chutes d'Iguacu.
Chaque état est quasi similaire en taille à la France, 4000 kms dans un climat équatorial, en pleine saison chaude, ça me semble plutôt funky, non?
Prochaine étape, prochain objectif, prochaine motivation : le site mythique de Governador Valadares, au Minas Gerais, une sorte de Saint Hilaire du vol libre brésilien.