Quotidien à vendre

Nouvelle Calédonie - Message posté le

Nadège écrit:

Notre année vélo-sabbatique touche à sa fin. Après un quotidien trop répétitif (à notre gout de nomades) mais heureusement piqueté de belles amitiés et de superbes paysages, nous replongeons bientôt dans l’océan de vie qui s’étend devant nous. Oceano Libertado. Mobiliser un an de sa courte existence toutes les demi-décennies pour gagner la croute qui nous gardera en vie les 5 années suivantes semble « fin valable » au long terme.

J’ai étais récemment très dure et réductrice en écrivant dans la première version de ce texte (maintenant effacée) que nos postes d’hydrogéologue pour moi même et de prof de maths et physique pour Olivier ne nous avaient apporté que du bonheur financier. Nous étions, au moment de l’écriture de ce texte, très en colère : notre maison venait d’être cambriolée et nous ressentions un grand mal-être au sein de notre collocation (bref une grosse déception face à l’humanité). Je tiens donc à rajouter les points qui malheureusement étaient passés à la trappe lors de ce coup de colère. Néanmoins, je préfère m’abstenir de parler pour Olivier et l’avis qui va suivre restera donc personnel.

Au sein d’une population calédonienne que j’ai trouvé dans l’ensemble très consommatrice, j’ai ressenti une bienveillance rayonner autour de nous, et une tranquillité d’esprit que je croyais impossible depuis ma pauvre métropole. J’ai également redécouvert, et ce n’est pas peu de chose, la passion du métier d’hydrogéologue dans ce pays en pleine construction au sein d’une équipe dynamique, motivée mais surtout joyeuse. Alors que mes premières expériences pro dans le privé métropolitain avaient réduit la confiance en mes capacités professionnelles à néant, le privé calédonien m’a motivé par ses défis et le service public a ravivé mes premières motivations d’étudiante : être utile. Les heures sup ne se comptent plus comme un cadeau au patron mais comme une nécessité à l’amélioration de la protection de l’environnement (sujet si cher à mon cœur).

Les salaires plus élevés qu’en métropoles (merci la prime d’outre-mer) étaient suffisamment motivants pour construire une épargne gonflée par les récupérations de trottoirs (merci le tout-jetable) et les rayons d’invendus des supermarchés (merci la surproduction).

Merci donc à toi Calédonie de m’avoir démontré que la vie professionnelle peut être douce et les échanges humains normaux dans les entrailles d’un bureau comme dans la rue anonyme. Cependant, prend garde Calédonie à ne pas te perdre dans les désirs compulsifs de la consommation, ta nature profonde est grande et belle, je serais si triste de voir tes qualités s’étouffer sous une montagne d’emballages inutiles.

Nous reprendrons bientôt la petite boite au sommet du Mont Dore qui contient notre Liberté, celle que nous avons cachée subrepticement avant nos premières heures de labeur calédonien voila déjà 14 mois de ça. 

Entre la recherche d’un voilier pour la Nouvelle-Zélande et la demande d’un visa spécial 9 mois, nous profitons au mieux de nos derniers plaisirs sur le cailloux doré.

Bonne continuation à tous ceux qui auront égayé notre chemin de labeur. Encore toutes mes excuses aux personnes qui se sont senti blessées par la première version de ce texte. En le relisant j’ai étais moi-même très honteuse de l’impact que cela pouvait avoir sur notre entourage et même potentiellement ailleurs, je m’en suis voulu de ne pas avoir immédiatement réécrit derrière afin de temporiser ce coup de colère. Je tente ici de rétablir l’équilibre sur le bilan de mon expérience Caldonienne