Panama - Message posté le
Mon séjour à Panama est entièrement tourné vers la recherche d’un voilier pour traverser l’Océan Pacifique jusqu’en Nouvelle-Zélande.
Fort heureusement et après une rude bataille contre le calendrier, je suis arrivé largement à temps, en avance même comme je le découvre en arrivant sur place. Mieux vaut en avance qu’en retard de toutes façons. Les voiliers partent courant mars-avril pour naviguer sur la route Galápagos - Polynésie Française - Fiji - Nouvelle-Zélande ou Australie.
Il me faudra 2 mois pour quitter le pays.
Ma tactique de recherches repose sur un maximum de communication au sujet de mon voyage, de mon expérience et de mes objectifs.
Je cherche à rencontrer le maximum de gens afin d’être bien connu de ce petit monde des plaisanciers ‘globe-sailors’. Le but est d’ainsi désamorcer les peurs inhérentes à la prise d’un équipier inconnu sur une si longue période, et ensuite de leur montrer les avantages d’une personne supplémentaire, comme une réduction notable des quarts de nuit, une aide aux manœuvres, aux tâches quotidiennes.
Je réponds ainsi aux peurs engendrées par une telle traversée, et plusieurs propositions viennent au fur et à mesure du temps.
Mes zones de recherche se concentrent sur les mouillages de Amador, de La Playita où je loge sur Aida, Balboa Yacht Club pour le coté Pacifique, et Shelter Bay Marina pour le coté Atlantique.
A mes yeux Shelter Bay Marina est le meilleur lieu pour chercher car tous les bateaux sont sur pontons au contraire du coté Pacifique.
Assez rapidement je me mets à travailler en parallèle sur le canal en tant que « linehandler », traversant sur les voiliers pour aider à la manœuvre.
Payé au passage, la nourriture est comprise, les gens sont souvent à la fête dû à l’émulation que provoque le canal et j’ai du bon temps la plupart du temps. Seul un voilier franco-belge choisira de nous nourrir à la mesure de leurs estomacs de canaries et de leur esprit radin. Nous partirons mécontents, dans une ambiance bien triste.
La caisse de bord s’alourdit légèrement donc et je passerai 6 fois le canal, connaissant par cœur à la fin cette merveille du monde industriel.
Rencontrer les marins, c’est aussi aller à la rencontre de destins étranges, passionnants. Chaque navire a son histoire, chaque Homme peut raconter des histoires prenantes, drôles, tristes, terribles parfois. Je reste médusé devant ce monde de rêveurs auxquels je me sens appartenir par bien des aspects.
Les propositions tombent, parfois intéressantes, parfois inadaptées. Certains disent oui puis se rétractent pour multiples raisons. C’est la vie et mon moral suivra souvent ce jeu de hasard.
Un jour je tombe sur le français Tago Mago, Fréderic est son capitaine. Il m’offre de me prendre des Galápagos jusqu’aux îles Fiji.
Nous nous donnons rendez-vous au 8 avril au plus tard aux Galápagos. Le défi est lancé, il me faut un voilier pour arriver là bas à temps.
Vu que c’est la première étape de la Transpacifique, cela ne devrait pas poser de trop grands problèmes. Malheureusement je vais galérer comme pas possible pour trouver le bon.
Fin mars, enfin, deux propositions tombent en même temps entre le Delicado et le Jsea. Le canadien Jsea fera l’objet de mon choix vu son départ légèrement plus tôt.
A bord, Capitaine John est accompagné de son amie Sher, qui n’a jamais navigué avant. Les deux nous viennent de Vancouver, Jsea est un sloop très confortable de 52 pieds (15m), j’ai ma propre cabine et ma propre salle de bains, un début luxueux !
Mon vélo, mon Baroud se paye la quatrième cabine, bien protégé des embruns, démonté, graissé et enveloppé dans de multiples bâches cousues pour l’occasion.
Nous partons le 30 mars. L’aventure du Pacifique peut maintenant commencer.