La vie à Mendoza

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Faco et Cristo m’accueillent chez leurs parents, une superbe maison avec piscine au beau milieu d’un ‘condominium’ fait d’un golf et de maisons plantées dedans. Quel luxe incroyable après avoir passé tout ce temps sur la route à camper dans de multiples endroits au confort plutôt spartiate !

Cependant, le Cerro Arco, la montagne locale où se pratique le parapente, un des spots les plus connus d’Argentine, attire mon regard inexorablement. Au bout d’une semaine, je m’installe dans le sous-sol de l’école de parapente de Paco, qui m’accueille le plus simplement du monde. Me voila paré pour profiter largement de l’endroit et voler à plein !

Juste une petite chose amusante : l’endroit est connu pour être l’un des quartiers les plus dangereux de Mendoza, ville elle-même réputée pour ne pas être des plus tranquilles. Parfois lors de mes retours du centre à pied, je me prends à frissonner légèrement, la brise peut-être ? Bon si ce n’était pas çà aussi l’aventure, que pourrait on dire ? Puis au final rien ne m’arrive pendant les 2 semaines de mon séjour.

Voler chaque jour, effectuer toutes les petites réparations impossibles à faire en route, courir en haut du Cerro forment mon pain quotidien. Les pilotes locaux me regardent avec étonnement, difficile pour eux de s’imaginer monter autrement qu’en 4x4. Bon il faut admettre qu’au bout de quelques jours je profite du moyen motorisé bien plus rapide pour jouir au mieux des quelques jours que je me donne pour me perfectionner à voler, et surtout à désamorcer ces fichues phobies qui me prennent si souvent en vol.

Les vols se font en face des Andes au pied des géants passant les 6000m. Cette cordillère mythique m’a tant fait suer pour venir la voir. Au bout de quelques jours, je la vois couverte de neige. Oui, l’hiver vient quand le printemps chauffe nos plaines françaises. Il me faut y songer, j’ai là devant moi un col à 3900 m à franchir avant les fortes tombées de neige qui bloqueront immanquablement la route pour Santiago du chili.

Voler du Cerro Arco est assez technique : le vent vient souvent du NE et le décollage est situé sous le vent. Ile en résulte que le vent est relativement turbulent, et ce encore plus à la zone d’atterrissage. Quelques accidents graves (des français, oui monsieur !) ont eu lieu les années précédentes et je reste prudent. Mais même comme çà, par deux fois, je me demandais comment j’allais pouvoir atteindre l’atterrissage en volant, tant j’étais bas. C’est dans ces moments là que tout le corps se raidit, le cerveau marche à plein, se concentre pleinement sur un seul, unique et simple objectif : perdre le moins possible d’altitude, se diriger au plus vite vers l’objectif et éviter de se mettre dans une situation dangereuse (trop tard pour çà, les rochers et la pampa, ne sont pas franchement accueillants pour un atterrissage de secours).

Voler au dessus des antennes du sommet restera gravé, cela me donne un point de vue exceptionnel sur toute la région et me remplit de bonheur surtout quand je pense aux nombre de jours où je n’ai pu voler, à simplement pédaler. Ces vols sont mérités, largement !

Mendoza by night me donne une autre vision de l’Argentine. Mon pote de France Benoît descend de sa proche mine d’or où il travaille à 5000m d’altitude pour quelques nuits de festoiements entre bon gaulois, descendant les pintes de bières une à une. C’est tellement bon de revoir un pote loin de chez soi.

Dans le chapitre retrouvailles, je rencontre Norberto, grand frère de Natalia, une amie de ma vie floridienne d’antan, quittée voila 8 ans auparavant. Le passé peut te rattraper à n’importe quel moment et n’importe où  dans la vie.

Un bon groupe de joyeux lurons, gaulois et étudiants ingénieurs de leur états, ont investi une maison dans laquelle je les aide consciencieusement à vider quelques bouteilles d’absinthes, étudiant l’art obscur de faire un bon ‘asado’ argentin dans les règles de l’art. Il faut avant tout mettre suffisamment de viande sur le gril pour à la fois faire fuir du pays dans l’heure le moindre individu aux tendances végétariennes et pour à la fois satisfaire mon ventre constamment affamé. Ce qui veut dire en 3 mots : beaucoup de viande !

Me voilà maintenant sur le chemin prêt à escalader les terribles Andes, chez Charlie, à déguster un délicieux cochonnet au grill tout en goûtant à quelques bons vins de Mendoza (les meilleurs du pays). Le col du Cristo Redemptor à 3900m n’a plus qu’à bien se tenir (hips !). Les gens m’ont donné 3 pulls de plus, ça devrait le faire !