Brésil - Message posté le
Changement de rythme :
Objectif : 3e plus haut sommet du brésil, 2890m, j'ai nommé le pico da Bandeira.
Gardé par les frontières d'un parc national auxquels il faut, malheureusement pour les sans-sous, s'acquitter d'un droit d'entrée. Imposant comme un gros flan renversé, caché par les nuages le plus clair de son temps, je suis seul à l'affronter ces jours-ci. Deux jours de bonheur à pieds dans la nature, le vélo à l'entrée et malheureusement, la voile aussi. La pratique du vol libre est interdite dans le parc pour des raisons probablement édictées par un bureaucrate n'ayant jamais mis ses deux pieds l'un devant l'autre plus que pour aller de son bureau à son 4X4. Le temps promettait pourtant un joli vol sauvage!
Des cascadines (petites cascades) se jettent dans de jolies vasques toutes appelant à la baignade et au repos du guerrier: soit!
Bivouac "d'altitude" agressé par une armada de bourdons et je me fais voler mes provisions par une oie sauvage. Mais la vue et la tranquillité rattrape grandement la note.
Enfin le sommet. Ce qu'il ya de particulier dans ce pic, c'est sa position absolument détachée de toute sierras alentours, comme un grand seigneur au milieu d'un paysage au relief beaucoup plus bas. Le regard porte loin donc, jusqu'à la mer, à 200 kms de là. Je reste de longues heures dans la lumière du matin à errer mon regard sur le chemin pris et celui à prendre vers le sud. Bon dieu que c'est gigantesque! Un cristo regarde avec moi de son œil miséricordieux et semble approuver. Je prends alors la mesure de l’ampleur de mon voyage.
Pour voler il me faut sortir du parc vers Alto Caparoa. Là, Vaval, propriétaire du site local et de toute une petite vallée m'accueille chez lui trois jours, le temps de déguster à la petite cuillère ce site magnifique dans une vallée de caféiers. Les thermiques donnent bien, sans toutefois être de vrais propulseurs interplanétaires comme j'aurais pu le croire sous ces latitudes à cette saison et vers les 14h de l'après-midi.
Un mail arrête mon cœur un jour difficile, une ces journées où on regrette d'avoir ouvert les yeux au matin. Brian Wickines, jeune pilote de 25 ans, ami de Paulo d'Arraia d'Ajuda, qui devait m'accueillir à Rio de Janeiro est mort d'un accident de parapente. Beaucoup de vent, lignes électriques, handicap de la main pour les éviter, la malchance a fait le reste. Sans nous connaître il m'invitait sans façon chez lui, ça me suffit pour le regretter amèrement... et redoubler de vigilance en vol.
Le pied droit me fait mal, sur le coté droit. Le frottement avec la sandale mets la chair à nu. Le sel de la sueur fragilise la peau rougie jusqu'au sang. La pluie de l'après-midi soulage un peu. Bah! Me dit-je, la corne se fera!