Polynésie Française - Message posté le
Le 2 juillet, il est 13h30.
Nous levons l’ancre de la marina Taina à Tahiti à bord du voilier luxueux le Lady K. notre destination est Makemo aux Tuamotu.
Les quarts sont décidés par Ayla. Nous formons deux équipes avec chacune un équipier ‘pro’ (eux), un équipier ‘amateur’ (nous), et tournons de 4h en 4h. au bout de 2h, un des équipiers est remplacé par l’autre. Ainsi nous passons la moitié du temps avec Ayla et l’autre moitié avec Toby.
Pas de toit sur le cockpit, pas le droit à lire ni écouter de la musique. Les conditions sont plutôt dures, d’autant que nous allons contre le vent et les vagues et que 12h/24h sont beaucoup. Mais l’ambiance est là et je vis cette traversée bien mieux que sur Tago Mago.
Nadège s’en tire bien même si son anglais très relatif ne facilite pas la conversation.
Nous apprenons à connaitre Toby et Ayla, avec tout ce temps passé à n’avoir d’autre chose à faire que discuter. Ils nous apprennent pas mal de choses techniques sur cette classe de bateaux, aussi de quoi est fait cette vie de marin au long cours, et de toutes façons, des marins comme eux ont toujours une histoire sous la main… comme tous les marins du monde.
Naviguer sur un voilier de cette classe est un monde nouveau. Les forces ne sont plus les mêmes, les coûts en jeux sont astronomiques, les responsabilités suivent.
Nous sommes relégués à quasi ne toucher à rien, notre fonction est surtout de tenir compagnie à l’équipier ‘pro’.
Naviguant contre le vent et les vagues, nous ne mettons que le génois et la grand voile d’artimon. Malheureusement nous sommes contraints de pousser au moteur, pour des raisons de maintien du bateau. On vise à économiser au maximum les tensions sur les mats et l’ensemble du bateau lorsque le propriétaire n’est pas là.
Les mats et une bonne partie de la coque sont en carbone, des matériaux nobles qui valent une fortune. On parle de plusieurs millions d’€ pour un mat… imaginez un peu, l’Afrique n’aurait plus faim si on redistribuait tout ça !!!
4 Juillet. 11h « TERRE ! »
Ça porte chance, c’est moi qui aperçois la terre le premier. Quelques cocotiers débordent de l’horizon proche. Nous sommes officiellement entrés dans l’archipel des Tuamotu. La navigation se fait plus complexe et nous virons de bord souvent.
Il ne faut pas oublier que nous voila dans « l’archipel dangereux », appelé ainsi par tous les marins. Ce nom lui vient des atolls très bas sur l’horizon, ils se voient à dix milles mais pas plus. En gros, on les voit au moment où on arrive dessus, c'est-à-dire pour y faire naufrage… comme tant d’autres bateaux dans l’histoire de la marine.
De nos jours le GPS rend la navigation plus sure, mais il faut constamment garder l’œil ouvert.
5 Juillet. Jour 3, il est 11h, nous entrons la passe nord. Durant trois heures de navigation à travers le lagon, je resterais accroché en haut du mat afin de repérer les patates de corail mortelles pour notre coque. La vue est splendide, je ne donnerais ma place pour rien au monde !
Deux jours durant nous brosserons et polirons le pont à la brosse à dent, faisant briller chaque détail pour la famille du propriétaire arrivant incessamment sous peu.
Nous sommes maintenant à Makemo, libre. Lady K est rendu à ses propriétaires et l’équipage légitime, nous sommes fin prêt pour l’aventure Robinson !