Fakarava

Polynésie Française - Message posté le

Neuf jours à Fakarava. Ce fut court mais intense !

Un centre de plongée tient une bonne place sur cet atoll, Te Ava Nui. C’est d’ailleurs la spécialité du coin. La majorité du tourisme est basé sur la plongée et le commerce de la fameuse perle noire.

Le patron Jean-Christophe est sensible à ma condition de cyclo-vagabond au long terme et m’offre un prix excellent sur une paire de plongée sous-marine. Il est vrai que les prix pratiqués dans la région sont aux antipodes de mon budget ultra réduit. Quel changement par rapport à l’Amérique du Sud !

De toute façon je comptais bien plonger dans les Tuamotu, réputés comme l’un des hauts lieux mondiaux du monde sous-marin. C’est là un vieux dada que de voler dans l’immensité liquide au milieu des poissons et des formes étranges que prennent les coraux. Le monde du silence, Le Grand Bleu, me voila de nouveau !

Notre moniteur Jean-Charles est jeune et motivé, il nous emmène sur un beau récif dans le lagon, très bien conservé, des poissons magnifiques et quelques requins nous frôlent, brrr…

En deuxième plongée, nous retournons à la passe Garuae. Cette fois nous sommes en courant rentrant. Il va nous servir à jouer à Superman à quelques centimètres du fond.

Coté océan, nous descendons à 30m, d’un seul coup. De tout coté, le bleu profond. Bientôt le fond approche… et les requins aussi. Ils sont des dizaines ! Requins “pointe noire”, “pointe blanche”, “citrons”, toutes sortes de noms pour désigner une gueule pleine de dents acérés. Un véritable mur de requins se dresse devant nous. Bientôt nous en faisons partie, facilement acceptés, ce n’est pas l’heure du repas.

Puis le courant nous emporte à toute allure à travers les canyons sous-marins. Nous pouvons nous réfugier dans une petite vallée abritée du courant où des milieux de poissons multicolores tapissent littéralement le fond. J’entrevois dans le fond d’un trou un mortel poisson-pierre, me regardant de ses gros yeux globuleux et de toute la laideur de son corps.

Une âpre négociation avec Fred me permet de partir randonner seul deux jours le long de l’atoll. Le pauvre craint une brusque montée du vent malgré la météo absolument calme pour le reste de la semaine. Pas simple la vie en communauté.

Le sac fin prêt pour deux jours en autonomie, je dirige mes pas vers la partie la plus sauvage de l’atoll.

Quelques heures plus tard, jouissant de ma solitude retrouvée, je tombe sur une superbe maison sur pilotis avec Jean-Pierre et Geneviève, couple local vivant là. Aussitôt vu, aussitôt invité pour une bière d’abord, le diner ensuite, puis de venir pécher au fusil la nuit à deux heures du matin…

Nous utilisons une petite barque de plastique dans lequel nous mettons le produit de notre chasse ainsi qu’une batterie reliée à un énorme projecteur sous-marin portatif.

Les poissons dorment, c’est une jeu d’enfant que de les approcher à quelques centimètres. En deux heures de temps une vingtaine déjà s’entassent dans la barque. Quelle première ! J’ai bien envie d’apprendre plus, de jour la prochaine fois, pour plus de fair-play avec la race poisson.

Mettez vous dans le contexte. Je nage avec un marquisien inconnu au milieu d’un atoll de rêve au milieu de la nuit à dégommer des poissons un à un au fusil, la croix du Sud brillant haut dans le ciel. De quoi rêver !

Le matin nous trouve frais et dispo, le feu grillant notre repas pour toute la famille débarquant pour la journée. Poisson cru au lait coco, poisson grillé, riz parfumé de coco, on fait local et c’est délicieux.

Sur le retour, mon sac est plein de poissons, mais le soleil m’apprendra l’utilité d’une glacière dans ces contrées là. Une sorte de vague odeur emplit le village quand j’arrive…