Carthagène, un port pour la mer des Caraïbes

Colombie - Message posté le

Sam est là, sacré Sam !

Quelques soirées ensembles et le voila reparti à la découverte de la côte Nord de Colombie. Il reviendra ensuite chercher un voilier pour filer au Panama, tout comme moi, tout comme bien d’autres « backpackers » (voyageurs sacs au dos) qui cherchent à passer sur l’autre Amérique.

Ce coin du monde présente une anomalie géopolitique de taille. Dans ce couloir fin entre les deux Amériques s’arrête la grande « Panaméricaine ».

Elle reprend quelques 50 kilomètres derrière la frontière Colombiano-Panaméenne. Entre les deux, la région du Darien, montagneuse, pleine de jungle inextricable et de guerilleros farouches.

Une absence totale de volonté géopolitique empêche un développement de cette région, laissant toute liberté aux guérilleros de se cacher dans la zone, gardant du même coup les populations ‘pauvres’ d’Amérique du Sud de déferler illégalement en Amérique du Nord…

Une bien belle barrière naturelle qui sert les puissants, une situation qu’on laisse pourrir et voila les états-uniens bien au chaud chez eux.

En attendant il me faut traverser, comme tous ces voyageurs pour qui Carthagène est le port d’embarquement pour l’Amérique centrale.

La situation a fait fructifier un business juteux pour les plaisanciers. Ceux-ci proposent des charters de 5 jours, dont 2 jours aux îles paradisiaques des San Blas, au prix exorbitant de 375US$ par personne, avec environ 8 ou 9 personnes par voilier. Comptez les bénéfs !

A marcher sur les pontons je vois de gigantesques catamarans de plusieurs millions de dollars ne vivant que sur ce trafic de voyageurs.

L’avion est bien moins meilleur marché, même avec le vélo, mais je n’ai pas le choix. Puis mon pote Franck-Olivier va bientôt arriver et je dois traverser aussi vite que possible.

Je rencontre tout de même Lee, un jeune étatsuniens en tour du monde en solitaire à la voile. Il aime beaucoup mon projet et m’offre de m’emmener. Coup de chance, si ce n’est qu’il part trop tard pour moi, quelques soucis techniques le bloquent au port plusieurs jours.

Enfin je rencontre deux jeunes capitaines ex-filous de banlieue parisienne reconvertis à l’air du grand large et à l’aventure.

Le Virgilion, délabré au possible, est leur monture. Pas de lumière de mâts, pas même de lampes torches, pas de radios à bord, encore moins de pilote automatique, les seuls instruments de bord sont une boussole désossée et un GPS de randonnée à moitié cassé dont il faut installer une épingle à l’arrière pour établir le contact électrique. Quelques secondes de fonctionnement puis l’appareil se gèle complètement.

Un vrai bateau pirate. J’avoue que je suis tout de suite séduit. Ils me facturent tout de même une somme rondelette pour me prendre à bord, business oblige !

Une coque, des voiles, quelques fous et nous voila fin prêts pour l’aventure !