Des sommets à la mer

Nouvelle Zélande tome 2 - Message posté le

Une fois de plus, nous repassons par Wanaka, la capitale des Alpes antipodiques. Bien sûr nous rendons visite à notre famille d’accueil préférée, chez Alexis et Florence Poilvert. Celle-ci est très sensible au voyage alternatif, à un rythme plus humain, plus lent, et nous a écrit un très bel article (en anglais) sur le sujet : http://wildclarisse.wordpress.com/2013/01/23/slow-travel/

Nous arrivons en ville sous une pluie battante et glaciale, avec un fort vent de face décourageant. Apparemment nous avons dû faire pitié car un homme qui collait une affiche pour un rodéo dans la région nous offre deux tickets. Nous avons l’occasion d’admirer un coté typique de la Nouvelle-Zélande avec des pratiques dignes des plus beaux westerns : attrapés au lasso et jetés sur de jeunes veaux, rodéos sur taureaux furieux, et autres péripéties fermières. Très impressionnant !

Avec ma chance habituelle et pour ajouter à mon arachnophobie légendaire, j’ai eu le « bonheur » d’expérimenter la morsure de l’UNIQUE animal ‘dangereux’ de Nouvelle-Zélande, l’araignée ‘white tail’. Un bouton grandit rapidement sur ma main au point que des lignes rouges commencent à remonter le long de mes veines. Je cours à l’hôpital pour une cure d’antibiotiques. Mais la douleur persiste quelques jours. Parfois des gens se voient amputé pour ça…

Déontologiquement il nous est impossible de quitter la région sans essayer de gravir le Mont Aspiring. Un bon équipement de haute montagne ainsi que des skis de randonnée sont nécessaires. Alexis, aspirant guide à ses heures, s’offrait de nous emmener et de nous prêter le matériel. Il change finalement d’avis, modifiant du même coup nos plans. Ne désespérant jamais, nous montons tout de même à la limite des neiges, sur la French Ridge, tout au fond de la vallée sauvage du Mt Aspiring National Park. Aller jusque là nous impose de prendre nos vélos sur trente kilomètres de piste graveleuse, nos sacs de randonnée et parapentes sur le porte-bagage. Ma main m’élance très douloureusement dans les cahots et il faut s’arrêter à plusieurs reprises.  Mais lorsque nous arrivons au parking de fond de vallée, le vélo devient un avantage par rapport aux marcheurs-voitures. 

En fait, pour la chronique, nous découvrons qu’il eut mieux valu marcher, les chemins ne se prêtant qu’à de bons VTT suspendus. Mais le paysage très sauvages et gigantesque fait de cette piste la plus belle en vélo.

Nous grimpons alors les 1500m jusqu’au refuge ‘des français’, le parapente au fond du sac, et le double toit de la tente. Les refuges sont devenus de vrais hôtels d’altitude, nous optons donc pour une solution plus au niveau de nos moyens, c’est à dire monter le double toit dans un petit abri de pierre. Nos voiles font office de duvet, et  nous généralisons cette pratique maintenant à toutes nos rando-vols, car la solution s’avère beaucoup plus légères et suffisamment chaude. Malheureusement au matin le vent se révèle descendre dans notre dos. Quelques bourrasques ruinent nos espoirs de redescendre par la voie des airs. Cependant les cirques montagneux tout autours sont un écrin de beauté pour notre joie de vivre.

De Wanaka à Christchurch la route se montre l’une des plus belles de notre voyage. Les plaines gigantesques d’herbe jaunies par le soleil sont barrées au loin par la chaine des Alpes saupoudrée de neige. La lumière est fabuleuse, nous sommes poussé par un vent de dos, jamais la liberté n’avait pris de telles dimensions oniriques. Voyez donc les photos !

Dans la petite ville de Temuka, Nadège est un peu fatiguée et se prend gentiment une barrière dans la gueule. Le porte-bagage avant, tout neuf, casse sous le choc. Rien de fatal pour avancer, et nous faisons alors le point sur la carte, lorsqu’un homme, Gary, nous aborde et nous offre le plus aimablement du monde son atelier de mécanique pour ‘réparer ce que vous voulez’ ! Nous venons de rencontrer le Père Noël local ! Bien sûr, il nous ‘impose’ de passer la nuit chez lui. Lorsque nous demandons la raison de son offre, il répond : « -Parce que je pouvais aider. Tout simplement. » Gary, président ! Nous apprenons qu’avec sa femme, ils ont accueillis et ‘adoptés’ en un sens plusieurs enfants abimés de la vie. Nous réparons plusieurs petites choses et repartons plus heureux que jamais. Ces rencontres jouent beaucoup dans notre baromètre moral, elles forment un moteur essentiel à notre épopée.