Scotchage à Wanaka

Nouvelle Zélande tome 2 - Message posté le

Nadège écrit : 

Nous avions laissé nos vélos à Wanaka, sous la bonne garde de Scott, gérant du magasin de vélo Outside Sport. Nos sacs furent laissés chez la famille Poilvert, des français rencontrés par Olivier en 2005. 

Nous les retrouvons avec joie après ce long voyage en France, et avons le sentiment d’être rentrés à la maison. Mais de nombreux détails techniques à régler nous scotchent sur Wanaka pendant un mois. Nous alternons les logements entre la maison des Poilvert, et celles d’un pilote de parapente, Zak. La légendaire hospitalité Kiwi !! Du moins en partie…

Mais sans un grand coup de pieds au derrière nous y serions peut être encore. Dans un voyage, une préparation minutieuse permet d’améliorer le confort, facteur essentiel à la longévité de l’aventure, mais à mon avis le plus important est avant tout… de partir. Nous ne sommes pas arrivés les mains vides et nos vélos ont reçu un vrai coup de modernisation. Nous nous sommes réapprovisionnés en Europe où l’équipement est à bien meilleur prix et un choix beaucoup plus large. Il faut tout installer, et nous voulons partir à neuf. Mais que de temps dépensé dans cette vaste entreprise ! 

C’est un véritable nettoyage de printemps.

Olivier écrit:

Lors de notre voyage en stop vers Wanaka, nous rencontrons par hasard une connaissance de mon voyage précédent dans le pays. Très vite nous tombons d’accord qu’il nous héberge quelques temps et qu’en échange nous fabriquerions pour lui un « firebath », sorte de jacuzzi artisanal. Proche de Wanaka, nous en profitons pour préparer notre équipement avant le grand départ, le firebath se trouve être une belle réussite et tout le monde se déclare heureux comme tout. 

Vient le dernier et septième jour de notre séjour chez notre nouvel ami qui a un style de vie proche de nos idéaux. Après de nombreux signes de sympathies, il devient subitement hargneux, nous rendant alors maladroits, ce qui renforce la situation qui fini par exploser complètement au soir, nous imposant de partir dans la nuit et sous la pluie. Nous sommes très choqués, triste et désarçonnés. 

Cet événement nous fait nous remettre en cause en profondeur, et nous mettons à douter du bien fondé de nos demandes d’hospitalités aux habitants rencontrés sur la route. Agissons nous de façon juste ? La question du « rendu » se pose une nouvelle fois. Notre façon de voyager est à l’évidence loin du ‘touriste-providence’. Nous n’apportons pas financièrement ou matériellement de quoi ‘justement’ récompenser nos hôtes. Devons nous donc cesser ces rencontres qui forment la partie la plus intéressante du voyage ? Devons nous nous conformer aux canons standard du tourisme ‘classique’ et nous cantonner dans des campings formatés déjà pleins de nos compatriotes? Devons nous fuir la population locale et abandonner notre originalité ? 

Notre méfiance à l’égard des habitants alentours monte d’un cran. Nous cherchons quelques temps les coins cachés, isolés et ne voulons plus demander quoi que ce soit à personne. Notre réaction est celle de la peur, nous nous replions subitement sur nous mêmes. Et nous trouvons çà dommage.

Puis nous avons quelques informations nouvelles. Notre hôte aurait déjà eu des problèmes similaires avec d’autres gens. A l’évidence, sa nature très renfermé et polie l’empêche d’exprimer ce qui ne va pas au quotidien, le faisant ressasser des non-dits jusqu’à explosion finale. Résultats : bien des doutes, de violences, de haine et que d’amis perdus ! 

Cette histoire est une leçon dans notre voyage : ne pas exprimer ses sentiments ou ses pensées profondes ne peut que mener à des non compréhensions explosives. D’un autre coté notre sensibilité s’accroit vis-à-vis des offres généreuses des néo-zélandais, prompts à la politesse exquise mais bien lent à exprimer de vive voix la réalité de leur sentiments.