Nadège écrit : 

Les mots se posent craintifs sur le papier, le mal au cœur est là, à peine endormi, mais tenant encore en joue mes entrailles. La loi du tyran est simple : « regardes la mer ou dort ! » ; toute autre activité fantaisiste est de suite sauvagement sanctionnée.

En plein océan, face à ce mal amer, l’opprimée que je suis doit combattre ou se soumettre. La présence à bord d’équipiers plus expérimentés dans l’art de tromper l’ennemi me permet heureusement d’abdiquer presque tranquillement. Je me couche pour ce tour.

Au premier jour, je ne fait que vomir mon Noël, dormir, regarder la mer, puis… trou noir.

Au deuxième jour, vidé de tout aliment, mon corps rejette encore dans l’heure le peu d’eau qu’il lui faut pour avaler les traitements dits « anti-nausées ». Puis il faut dormir et regarder la mer, …

Au troisième jour, je réussis tout juste à me nourrir d’un morceau de pain et d’eau sucrée.
Je ne vomis plus, mais la machine à laver tord dans tous les sens mes cervicales en queue de cochon. Ne surtout pas oublier de regarder la mer.

Cinquième jour, il m’est permis d’agrémenter mon pain de quelques pommes de terre. Et la brise chuchote à mon l’oreille un de ces chants glorieux.

Sixième jour, je suis libre !! Et loin d’avoir gagné ce magnifique combat contre Neptune, je prends enfin une place plus honorable parmi l’équipage.