TR Fakarava - Tahiti

Polynésie Française - Message posté le

Le vent est bon, 20 nœuds d’Est, mais la mer agitée. Nous mettons 36 heures pour faire les 300 milles pour atteindre Tahiti.

L’anxiété latente du capitaine se fait dure à vivre mais nous faisons avec. Il me tarde d’arriver à Tahiti et de tout faire pour trouver un autre voilier sur lequel continuer.

Je n’en peux plus ! Entre les sautes d’humeur de Delphine et l’anxiété pesante du capitaine je me sens oppressé, mon moral réduit à moins que rien. Puis leur vision du monde est tellement éloignée de la mienne.

Le bon coté avec Fred est qu’il m’apprend énormément sur les rouages de l’économie mondiale, même s’il affirme à un moment que « l’écologie, Olivier, c’est pas rentable ». J’ai du mal à m’en remettre. Mais cette remarque a le bonus de me montrer l’opinion d’une part majoritaire en France et dans le monde occidental. C’est sûr, c’est loin d’être rentable… à court ou moyen terme. Mais j’aime le slogan qui affirme que nous empruntons la terre de nos enfants. Et j’ai habitude de rendre les choses telles qu’on me les a prêtés…

La mer valse le pont, les autres sont tous malades. Je rigole fort quand Delphine affirme avec la dernière énergie avoir sûrement chopé un virus quelque part, ça n’entre pas dans sa personnalité d’admettre une quelconque faiblesse… Laurent rend son repas à la mer, bien frugal pourtant…

J’aime ces éléments déchainés, ce vent et cette mer qui nous remettent à notre place. Elle semble nous dire quelque chose, le poète l’entends, la comprends peut-être. Mais l’ennui du Tago Mago me reprends vite et j’ai hâte d’arriver, je tire les voiles. Allons, allons, emmène nous le vent, emportez nous les vagues et délivrez moi !

Deux volcans coniques surgissent de l’horizon. Tahiti Iti et Tahiti Nui forment une double île, Tahiti, reliés par un mince isthme de terre volcanique.

Nous arrivons de nuit, la passe n’a aucun courant, c’est un point amphidromique local sur l’océan, pas de marée en somme.

Soudainement se fait entendre le bruit hideux de la ville. Nous sommes amarrés sur les quais de Papeete, le centre de la civilisation polynésienne.