Deux mois après notre arrivée en Kanaky

Nouvelle Calédonie - Message posté le

Nadège écrit :

Sitôt débarqué du Kamoké, Bénédicte, fille de la marraine d'Olivier, nous accueille chez elle. Nous y faisons la connaissance d'Ali, son compagnon surfeur, et Nima, leur bébé fraichement né (une perle dans le genre crevette).

Ce couple de « Z’oreille », comme on appelle ici les immigrés venus de France, s'est installé il y a 5 ans à Nouméa et y travaille maintenant comme enseignants.

Nous apprécions aussi particulièrement de pouvoir enfin nous retrouver seul dans la journée. La promiscuité de la cohabitation sur le bateau peut devenir oppressante à la longue. Les "moments à soi" sont rares.

On prend enfin le temps d'appeler les copains, la famille et pour la première fois depuis deux ans, le blog d’Olivier est mis à jour.

La vie s'écoule douce entre l’ordinateur, le parapente, le marché, le pétrissage du pain et la prise des yaourts.

En Nouvelle-Calédonie, les journées démarrent très tôt. Située à proximité de l'équateur, les levés et couchés de soleil ne varient que d'une heure environ au cours de l'année. Au début de l'été, en octobre, le soleil se lève vers 5h30 et se couche vers 18h. A notre arrivée, nous sortions de l'hiver et il ne faisait pas moins de 25 degré la journée. Laissant présager un été des plus torrides!

Au bout de 15 jours, il est vrai que nous commencions à manquer d'activité, l'ennui pointerait-il le bout de son nez??

Nous ne lui en laissons pas le temps.

Vincent, le frère d'Olivier et qui, soit disant, devait nous attendre en Nouvelle-Zélande, apparait par surprise lors d'une soirée pic-nic. Les deux frangins ne se sont pas vus depuis 3 ans.

Imaginez la scène d’un regard extérieur : au beau milieu d'une soirée tranquille un groupe de jeunes trentenaires discute calmement en trempant leur cake-olives dans leur vin.

Puis arrive un type louche que personne ne semble connaitre et donc ne salut, cachant son visage d'un foulard et parlant d'une voix ridiculement aigüe pour se présenter sous le nom de Sandy.

De suite, un des Z’oreilles de l’assemblée, un de ceux qui était limite en train de dormir et dont tout le monde avait presque oublié l'existence, se lève et pousse de grand cris à peine compréhensible "Vincent!! Putain de b... de dieux, de vingt dieux de mes c.., qu'es'tu fout là??", de là le type louche relève son foulard avant de lui répondre tout aussi clairement « Ahhhhh, mais Ahhh, on de AAAhhhh ».

Sur ce, les deux bestioles se sautent dans les bras tout en se frappant à grand coup de claques dans le dos et en sautant et en hurlant. Dans l’assemblée, on échange des regards interloqués, personne n'y comprend rien, sauf peut être Nadège (qui faisait partie du coup monté…).

Ragaillardie par l'arrivée de Vincent, l'équipe Grenobloise est en pleine puissance. Parfait pour entamer une petite semaine de randonnée dans les montagnes du sud calédonien.

Cinq jours de nature, parfois grillant sur les sols rouges de latérites, parfois noyés dans une étuve de verdure équatoriale, rythmant toujours de notre pas le chant mélodieux des oiseaux.

L’auto-stop reste encore notre principal moyen de transport (mon vélo est resté en Nouvelle Zélande) que ce soit intra-urbain ou pour couvrir plusieurs centaines de kilomètres. Nous sommes ainsi amenés à rencontrer facilement la population que nous ne manquons pas d'assiéger par nos questions.

On peut diviser les Calédoniens en trois grands groupes de populations :

- les Z'oreilles, métropolitains installés en Calédonie

- les Caldoches, descendants des esclaves et colons blancs arrivés en Calédonie il y a plusieurs générations

- et les Kanaks, descendants des premiers habitants de l'île.

Malgré le melting-pot géographique au sen de la capitale, blancs et kanaks se fréquentent peu au quotidien. Les Z’oreilles, souvent bardés de diplômes métropolitains, accèdent plus facilement aux meilleurs postes du pays, laissant, les fonctions les moins rémunérées aux caldoches et Kanaks.

L'écart social approfondi ainsi le fossé relationnel entre les deux ethnies.

Sans en connaitre véritablement à fond les raisons, il semblerait que la population kanake soit particulièrement sensible aux excès de boisson alcoolisée. A tel point qu'aucun magasin n'est autorisé à vendre de l'alcool entre le vendredi soir et le lundi matin. Mais il est aussi dangereux de trop écouter les mises en garde et les histoires isolées qui finissent mal. Les à-priori peuvent s’en trouver renforcés, faussant prématurément le jugement personnel.

Quoi qu'il en soit, voilà deux mois que nous sommes sur le « Caillou ». Nous nous y plaisons bien et évoquons la probabilité de travailler comme ingénieurs (mécanicien et hydrogéologue) dans les mines de nickel.

Les salaires sont certes attrayants mais surtout le pays, en plein développement minier, nous offre sa confiance professionnelle. L'occasion d'obtenir rapidement de belles responsabilités.

Notre départ pour la Nouvelle-Zélande prévu pour début novembre sera-t-il reporté à dans 5 ans??

Les projets se montent, affaire à suivre…