De Braidwood à Bright. Les Alpes australiennes.

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Début septembre, j’apprenais que ma mère était à l’hôpital après une chute en cyclorando dans le sud de la France. Route : 1 point, maman : 0. Sa mémoire à court terme a été sérieusement touché et je vivais les plus terribles moments du voyage. Quelques semaines plus tard, son état s’est considérablement amélioré et je peux avoir des conversations plus normales au téléphone. Conclusion : même un casque n’est pas infaillible, et mieux vaut tomber en vélo qu’en voiture à 130 km/h. Maintenant je garde mon casque plus près de mes cheveux aussi.

Nous arrivons finalement en vue de la chaine de montagne ou gît le plus haut point d’Australie, le dénommé Mt Kosciusko, culminant autour des 2100m au milieu d’un vaste plateau alpin. Objectif avoué: voler du sommet. Les neiges se détachent sur les cimes lointaines, cette vision datant de la Nouvelle Zélande au moins nous donne des ailes. (Ozone Ultralite 3, oui, oui).

Jindabyne est une petite ville juste avant la montée vers le ski resort de Thredbo au pied du ‘géant’. Lorsque nous débarquons à trois en vélo tels des cavaliers de l’Apocalypse, nous voyons un homme en vélo nous attendant calmement. Il s’introduit comme étant Syd, l’ami cyclovoyageur de Bruce qui nous avait accueilli à Sydney. Bruce lui a parlé de nous, de notre position approximative, il a alors pu calculer une estimation de notre arrivée et s’est pointée sur notre route à ce moment là. Bien vu !

Nous avons alors une maison ouverte et un ami cyclo qui nous emmène faire du kayak dans le lac d’à coté. L’homme a une collection impressionnante de livres de cyclovoyageurs sur toutes les routes du monde. Parmi eux, Mark Beaumont, que j’ai rencontré au Pérou en 2009. Justement le livre parle de ce périple précis. Page 365, notre rencontre y est relaté dans ces termes : j’avais ‘le short de cycliste le plus indécent qu’il ai jamais vu !’ (le plus court, s’entend). Syd est aussi décrit dans un autre livre, nous prenons une photo à thème : Nos cinq minute de gloire !

Kosciusko. Voler n’est pas forcément très permis. Mais rien n’indique l’inverse. Et comme nous voyons des accès évidents aux voitures dans le parc, nous prenons bien note que ce genre d’interdit ne relève pas d’un souci environnemental. En fait les autorités du parc ne souhaitent tout simplement pas avoir de problèmes légaux et interdisent à peu près tout. Dans ce cas, nous resterons tout simplement discrets et le ferons quand même !

Notre première idée brillante est de s’équiper en ultraléger en prenant matelas, double toit de la tente et uniquement les voiles pour dormir enroulés dedans. Nous laissons tente intérieure et duvets aux vélos en sécurité dans un local prêté pour l’occasion. Nous serons donc plus vulnérable à d’éventuelles intempéries, mais plus légers à la montée !

Deuxième idée géniale est de planter la tente tout au sommet quand nous constatons que pas un pet de vent ne daigne souffler. Ce répit nous donne d’ailleurs l’occasion de nous lancer dans un joli mais court mini-vol en rasant la neige en gros virages bien serrés avec Seb. 

La troisième idée einsteinienne (au moins) fût de faire fi des quelques éclairs qu’on voyait à l’horizon, si loin !

Une heure plus tard le vent souffle à décorner les bœufs, la tente se déchire là où nous tentons (c’est le mot) de maintenir sa géométrie supposée avec nos bâtons de marche, les éclairs font feu tout autour de nous et une petite voix s’insinue doucement : « - Au sommet d’une montagne dans un orage, jamais tu ne seras ! ». Oui papa, bien papa, je range la voile trempée, nous grelotons de peur et de froid et courons comme des éperdus vers le plus proche abri qui nous semble à l’épreuve de tout : les chiottes ! 

Le plus surprenant dans l’histoire c’est que ces toilettes sont GIGANTESQUES, parfaitement propres et complètement abrités contre tout danger, même d’ordre atomique je suppose. Nous séchons là notre équipement et philosophons sur notre situation cocasse.

Ce fut là notre ‘vol’ du Kosciusko.

Geehi’s flat, quelques jours plus tard dans la forêt. Les kangourous nous entourent de partout et nous trouvons une maison de pierre toute pour nous. Un malaise s’installe entre moi et ma monture. Le Baroudeur semble crier quelque chose à chaque tour de roue. Le vieux compagnon a le pas de vis dans la roue libre de la roue arrière cassé. C’est bien la première fois que je vois une chose pareille ! Bilan : ne JAMAIS croire que quelque chose NE peut PAS casser, car ça VA casser. Je dois autostopper jusque Jindabyne et retrouver une roue temporaire le temps de me faire livrer la pièce à Bright, prochaine étape. Nico le Suisse du bike shop me sort brillamment de là avec une roue neuve à prix coûtant. Trois jours plus tard, trois rayons se sont fait la malle. Autostop de nouveau, pour d’autres rayons de bonne qualité et autre conclusion métaphysique : le plus désert est la route, le plus tu attendras mais aussi le plus de chance tu as que LA voiture s’arrêteras pour toi. Surtout si tu as une roue de vélo en travers du corps. Mais arrêtons là les galères mécaniques, le texte n’en finirait plus. Constater que la roue avant mérite AUSSI de changer de moyeu ne se fait qu’à Bright et ceci n’est qu’un des multiples épisodes de casse qui nous arrivent dans ce merveilleux voyage (sic).

Etat de Victoria. Nous quittons la Nouvelle Galles du Sud et parvenons à Bright, petite capitale du parapente qui a vu mon frère squatter quelques temps dans la forêt pour voler autant qu’il pouvait il y a quelques années. Ce qui fait que tout le monde semble me connaître ce qui est très positif, sauf quand c’est le copain d’une des nanas qui… bref. Le club de parapente de Melbourne, Skyhigh, organise quelques événements à ce moment là et nous sommes intégrés merveilleusement. Une mini X-alpe, course à pied et parapente, s’organise avec Andrew, candidat pour participer à la vraie en Europe. La course se fait palpitante. Seb décide de tabler sur la course à pied (mais ne termineras pas), Andrew se lance dans son joker le vol, mais prend du retard dans les parties à pied (et termine 1er !) et moi dans un compromis scabreux, je termine trois minutes après Andrew, heureux et crevé comme un phoque.

Voir l’histoire complète écrite par le gagnant (en anglais) : LIEN

Une dépression change la thématique, le temps n’est plus au vol. Seb souhaite profiter de son coté de quelques semaines sur la côte en van et parapente, je le rejoindrais seul mi-décembre après le départ de Nadège. De notre coté nous gagnons Smoko, dans la maison d’un étrange personnage, Rolf qui héberge des Woofers. Chez lui les jouets recyclés prédominent. Firebath, mur d’escalade indoor, four à pizza, circuit Scalextrix géant, et  même un circuit de VTT sur son terrain !

Mon vélo est prêt maintenant, nous pouvons regagner la route pour traverser les Vosges d’Australie couvertes d’Eucalyptus géants et de perroquets rois.