Les îles Galápagos

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Le séjour aux îles commence à merveille. Dès les premières heures, mon ordinateur est réparé, je trouve un boulot d’accompagnateur de tour à vélo ainsi qu’une école pour y donner une conférence.

Le boulot est simple : à moi de trouver la clientèle, et l’agence fournira vélos et logistique. Je serai alors payé à la commission. Malheureusement ni moi, ni eux ne trouveront de clients durant mon séjour et je repartirai broucouille. Mais durant quelques jours je peux dire que j’étais officiellement engagé comme guide aux îles Galápagos, un job qui claque sur un CV!

Quant à la conférence, je rencontre dans un bar une famille française expatriée ici. Les deux enfants me parlent de leur école Tomas de Berlanga. J’y serais accueilli merveilleusement quelques jours plus tard.

Tago Mago fait son entrée au port 3 jours après moi, nous sommes en perfect timing. C’est là mon prochain voilier pour la grande traversée.

Quelle surprise alors de voir Laurent et Delphine à bord ! Ce jeune couple de français que je rencontrais deux mois plus tôt à Panama sur un autre voilier ont contacté Fréderic qui les as embarqué comme il m’embarque moi-même en tant qu’équipier.

Galápagos est un paradis de Nature Sauvage. L’archipel dans son intégralité est classé parc naturel, avec beaucoup de restrictions, ayant souvent pour objectif de protéger le patrimoine naturel fabuleux de l’île, et parfois de se faire beaucoup d’argent sur les touristes de passage.

En tout cas quel succès (sur les deux tableaux) ! Nous observons dans le port même quantité de lions de mer, bronzant au soleil sur les coques des voiliers, de grands pélicans et quelques tortues de mer. Deux petits requins nagent dans les eaux peu profondes, de quoi pimenter les baignades.

Sur terre, des iguanes terrestres et marins siestent dans l’ombre de petits buissons. J’aperçois aussi un fou à patte bleues, une rareté naturelle que ce bleu dans la faune terrestre.

Le Darwin Research Center élève de nombreuses tortues géantes endémiques des Galápagos. La plus connue d’entre elles est le fameux Lonesome George, le dernier de son espèce. Ce jouvenceau a récemment fêté ses… 150 ans !

L’île offre des coins de rêve pour qui veut marcher un petit peu. Las Grietas est un petit canyon, sorte de caldera volcanique faisant office de piscine naturelle. L’eau transparente de la montagne se mélange avec l’eau de mer dans ce bassin de quelques mètres de fond. Les gosses du coin et moi-même nous amusons à sauter des falaises du bord entre 5 et bien 12m de haut.

Tortuga Bay sera mon excursion favorite. Sept kilomètres de petit chemin fait de pavés de lave à travers la jungle inextricable environnante nous emmènent sur Playa Blanca, fait du sable le plus blanc et le plus fin que j’ai jamais vu.

Plage de surfeur, je plonge à mon tour dans les vagues pour quelques ‘ride’ de ‘bodysurf’ dans cette eau à 29°C.

La plage suivante est la vraie Tortuga Bay, qui mérite bien son nom.

Après quelques minutes dans l’eau calme de la baie, une ombre s’approche doucement. Tortue ! J’ose tendre le bras, lui touche sa coquille doucement et nage avec elle. Je suis alors sidéré de la voir nager autour de moi, curieuse. Elle me tractera même quelques mètres et nous serons alors en nage synchro pendant un bon moment. La magie de l’expérience restera gravée à jamais.

Les bords de la baie sont pleins d’iguanes marins prenant le soleil. De vrais fonctionnaires ces iguanes ! Absolument seul dans ce petit coin d’univers surnaturel, je remplis mes batteries mentales de bonne énergie pour la suite du voyage.

En visitant le Charles Darwin Research Center, nous croisons un groupe de journalistes, et quelques officiels. Au milieu d’eux, un handicapé en chaise roulante. En quelques mots échangés avec une femme du groupe, nous apprenons que l’homme en question n’est autre que Mr Moreno, Vice-président d’Equateur.

Nous croiserons de nouveau leur chemin quelques minutes plus tard. On me fait signe de venir. La femme en question lui a parlé de mon aventure.

« - Alors ainsi vous avez traversé l’Equateur en vélo par la montagne ? » me demande-t-il mi-curieux mi-admiratif.

Malheureusement nous n’auront pas le temps de discuter plus avant et nous nous contenterons d’un bref échange et d’une photo « officielle ». J’aurais aimé avoir son point de vue sur sa vision du monde politique et économique, sur les Sociétés d’aujourd’hui.

Mr Moreno n’était pas l’unique personnalité venant aux Galápagos ces derniers jours. Nous avions Leonardo di Caprio et Bill Gates entre autres, venant pour un congrès international de récolte de fonds pour le parc naturel. Nous avions même croisé leurs bateaux en arrivant au port.

L’école Tomas de Berlanga est une école pilote aux Galápagos. Bilingues, ils éduquent les enfants en profitant du fabuleux cadre naturel autour d’eux. Ainsi l’école ressemble à un parc, les familles et les enfants eux-mêmes faisant certains travaux de maintien pour en faire un cadre agréable.

Créée par Fundacion Scalesia www.fundacionscalesia.com, leur objectif est de préparer les élèves au monde réel en s’appuyant sur des bases éducationnelles environnementales. Ils sont alors sensibilisés aux défis environnementaux locaux et globaux. Presque tous les enfants sont bilingues anglo-espagnol. Une école où j’aurais aimé grandir, c’est sûr !

Sheila est la directrice de l’école. Une petite femme qui se nourrit à la dynamite, pleine d’une énergie positive débordante de chaleur et de sourire. Elle fait autant pour les autres que pour elle-même et semble avoir une vie réussie. Nous apprenons à nous connaitre plutôt bien, elle finit même par m’inviter à la maison pour diner et rencontrer son fils John, un chef hors pair, digne fils de sa mère !

Je donne la conférence à plus de 30 enfants de la 6e au lycée. L’échange est moins prompt qu’à Panama, ils me semblent plus réservés et timides. Aussi suis-je très étonné lorsqu’ils viennent tous me voir à la fin pour … des autographes ! Non mais on dirait que je suis une star du rock !!!

Le thème porteur cette fois était : « Il n’y a pas de rêves trop extrêmes ». Autrement dit, il n’existe pas de rêves qui ne soient hors de portée de chacun. Je voulais aborder un peu les défis environnementaux du moment, mais ne sachant trop quelles étaient leur niveau de connaissance et d’intérêt sur le sujet, je suivais le fil conducteur de l’aventure. Parfois des exemples vivants parent mieux que de longs discours.

Retour au Tago Mago :

Nous avons maintenant fait l’avitaillement pour 30 jours pour les cinq que composent l’équipage. Nous sommes fin prêt au départ. Le Grand Bleu est maintenant devant nous.

L’équipage, intégralement français, se compose donc de :

Frédéric, capitaine et propriétaire du Tago Mago, psychiatre retraité d’Annecy. Il quittait le Cap d’Agde sur la côte méditerranéenne en Aout 2008 pour un tour du monde à la voile en deux ans.

Fred aime les belles navigations à la voile, les bons plats de spaghettis (sa femme Lucia est italienne), et déteste voir le fond de son bateau tout mouillé.

Jean-Pierre est le frère de Fréderic. Il est venu pour l’accompagner entre le Costa Rica et les îles Marquises d’où il rentrera en France retrouver ses enfants.

Jean-Pierre aime les bons petits plats de Laurent et voir un gros poisson au bout de la ligne. Il n’aime pas se faire réveiller hors-quart en plein nuit par des bruits et odeurs de cuisine.

Laurent est le copain de Delphine. Ils sont partis pour un tour du monde sur plusieurs années, travaillant et/ou volontaires de temps en temps dans les parties du monde qu’ils visitent les unes après les autres. Leur site Internet très bien fait vous fera voyager par l’Afrique et l’Amérique du Sud. www.loladel.com.

Ingénieur civil, ex-londonien, Laurent adore cuisiner les petits plats que Jean-Pierre déguste glouton, et calculer des choses absurdes come la probabilité de tomber sur un six en lançant deux dés à la fois. Il déteste se prendre une cascade d’eau de mer froide par le hublot ouvert en plein sommeil au milieu de la nuit (va savoir pourquoi ?).

Delphine est la copine de Laurent. Ex-parisienne/londonienne, business woman dans la haute finance elle aime les plats de Laurent et cuire des crêpes dans un bateau propre et rangé. Elle n’aime pas se prendre un bol du repas en plein visage au diner, projeté par une vague traitre venue par derrière (non, ce n’était pas moi).

Moi, Olivier, mais vous me connaissez déjà.

J’aime les paquets de mer dans la tête au milieu de la nuit, les bols de bouffe dans la figure au milieu des repas, les bruits de cuisine au fin fond de la nuit, les sols glissants et trempés, si tout cela veut dire AVENTURE et LIBERTE. Par contre je déteste les crevaisons de mon vélo au milieu de la nuit pluvieuse à 4000m d’altitude après une étape de 120kms… mais vous savez déjà tout ça, non ?

Nous sommes maintenant le 13 avril 2010, le foie gras réservé pour le départ est déjà au frigo, nous pouvons donc pour le grand départ de l’aventure OCEAN !

Entre 22 et 30 jours de navigation nous attendent avant le prochain bout de terre. 3000 milles nautiques (5500kms) sont à traverser à la voile. Notre prochaine destination est l’archipel des îles Marquises.

On se revoit là bas !