Pirate des Caraïbes. Traversée Carthagène - Panama en voilier.

La mer des Caraïbes - Message posté le

Le 16 janvier 2010, nous levons l’ancre pour traverser la mer des Caraïbes.

A bord viennent Marc, Maxime, les deux jeunes capitaines de 22 ans, et Javier, 39 ans, des îles Canaries, équipier comme moi.

Ces deux premiers croupissaient lentement dans les banlieues parisiennes sordides, vivant de trafics douteux et plongeant doucement dans la fange de leur milieu social bien mal loti dans notre beau pays.

Un beau jour leur est venu l’idée de s’en sortir par le voyage aventureux, par la voile. Ils achetèrent à bas prix le Virgilion, petit sloop de 10m et s’envolaient vers leur vie, leur destin réel.

Quel réflexe positif de VIE admirable, quel destin prodigieux se forgeaient-ils alors ! Je ne peux m’empêcher d’admirer ces deux jeunes fous que la raison semble pourtant avoir quitté.

Ils n’ont pas un rond, ils dilapident à tort et à travers le peu qu’ils ont en fêtes absurdes, leur voilier tourne à l’épave, leur vie est faite de chaos, de gâchis parfois. Mais ils sont là et bien là, ils ont traversés l’Atlantique à la voile, par leurs propres moyens. Ces gars là méritent au moins ma confiance, sinon mon respect.

Javier est leur compagnon de galère pour quelques mois, il souhaite apprendre la voile. A fond aventureux, passionné de voyage et de sports de montagne, nous deviendrons très vite bons potes. En voyant comment les deux zouaves gèrent leur affaire, nous conviendrons rapidement que Javier sera notre mentor et vrai capitaine.

Nous allons barrer à la main pendant les trois jours de traversée, les uns après les autres. Quel contentement de pouvoir tenir la barre cinq heures sans faiblir.

Suite à ma transat sur des voiliers ultra modernes pleins d’appareils plus ou moins inutiles, je commence ici à vraiment découvrir la voile traditionnelle. Cette méthode me plait plus, elle a un esprit plus proche de ce que je cherche.

Les vents des Alizées nous poussent rapidement vers l’Ouest, vers Panama. La vie à bord s’organise un minimum, entre tenter de dormir, barrer, lire ou blaguer, je tente de cuisiner parant à la lascivité générale.

Quand la mer nous bouge de partout, la meilleure parade contre le mal de mer consiste à déguster un énorme plat de pâtes, c’est bien connu.

A la fin de cette excellente école de la mer, Maxime glousse un « Terre ! » qui achève notre voyage. Nous voila arrivés à l’archipel des San Blas, sur le territoire Panaméen, et on est vivants en plus !!!

L’archipel des San Blas s’étends sur plusieurs centaines de kilomètres le long de la côte Nord du Panama. L’ensemble du territoire, originellement nommé ‘Kuna Yala’, appartient aux indiens Kuna, en complète autogestion.

Ce peuple qui connaissait à peine l’argent il y a à peine 60 ans en arrière est maintenant riche comme Crésus. La manne touristique est considérable, et ils ont très vite appris comment faire.

Malgré ça on retrouve un certain degré d’authenticité agréable à vivre.