La dernière descente

Colombie - Message posté le

Au nord de Medellin vient la dernière montagne, le dernier sursaut andin, la dernière épreuve pour moi. La liberté approche.

Déjà je repère le dernier col, le début de la dernière descente.

Mais elle n’est pas franche la bougresse. La route remonte, hoquète en courtes remontées peu honnêtes. Nous sommes bien loin de la belle descente de Nazca où il suffisait de se laisser aller pour jouir de la vitesse pendant des heures.

Enfin la plaine tant attendue est là, après une ultime prise de vitesse. Devant moi, finies les dénivelées absurdes de défi physique, dingues de difficultés… en théorie.

Tout d’abord la température et l’humidité ont atteint des niveaux record. Mes yeux sont embués de sueur, mon corps entier ne se dépare plus d’une couche luisante de solution saline sensée refroidir, tempérer ma température biologique. Vaste blague, je crève de chaud, mais j’avance, et c’est le principal.

Ensuite, le terme ‘plaine’ correspond généralement pour des zones géographiques avec peu de dénivelées positives. Mais bizarrement je me retrouve toujours dans un terrain accidenté, la route montant et descendant sans cesse, cassant mon rythme et mon moral.

A cela s’ajoute mon pneu avant tout prêt à exploser. J’avais mis deux pneus l’un sur l’autre pour couvrir le gros trou naissant du pneu extérieur. Une hernie gigantesque s’est formée avec le temps, impressionnante !

La vibration produite à chaque rotation de la roue détruit mes bras, mon énergie, mes nerfs. Lorsqu’enfin je le change, tout change pour le meilleur. Il me semble voler. J’aurai poussé ce pneu jusque 22.000 kilomètres, une sorte de record d’anti-consommation ! Le Schwalbe Marathon XR mérite d’être mentionné ici, il a subit le pauvre.

L’eau dans mes bouteilles ne me rafraichit plus. Je dois en verser sur ma tête surchauffée et attendre l’évaporation pour ressentir un semblant de fraicheur.