Vol du Toubkal - 4167m

Maroc - Message posté le

Hier, mardi 16 septembre, a 10h du matin, sommet du Toubkal, 4167m, vent léger voir inexistant, ciel bleu et atmosphère claire. La voile de parapente est dépliée devant moi. Traction sur les suspentes avant, elle s'élève doucement, avec détermination.

Demi tour. la pente caillouteuse est douce sur 100m puis c'est l'à pic vertigineux. Plus d'hésitations, les réflexes font place a la réflexion, je mets la gomme et cours de toute mes forces sur le toit du Maroc vers ce grand vide fascinant. Sensation de prise en charge, une grande main m'enlève doucement de la pente, à quelques mettre à peine du vide. Puis la réflexion reviens à la charge. Le souffle coupé, je réalise alors que je vole quelques 4000m au dessus du niveau de la mer. Sous moi et mes quelques mètres carrées de tissus et de sangles un océan de rocs rouges et arides en à pic hérissés.

Et dire que je me suis tapé 3400 kms de vélos pour en arriver là! Le spectacle est à couper le souffle (ou bien est ce l'altitude?). L'air me secoue et me fait frémir. Il est tard déjà et l'aérologie locale devient très violente au cours de la journée. Les secours éventuels sont souvent fait à dos d'homme. En bref, pas le droit à l'erreur.

Heureusement, une fois passé sous les crêtes, nous rentrons dans une zone de calme plat. Plus un seul mouvement. C'est le moment d'immortaliser par quelques photos ce grand moment de vie.

Au fond de ces vallées très encaissées je suis sagement le cours d'eau où passe le chemin et me tiens éloigné du relief. Tout le Maroc Nord se dessine devant. Petit tour et le Toubkal est là majestueux devant moi. En quelques minutes je perds fortement de l'altitude. Le sommet, gravi ce matin à la pleine lune et gagné au lever de soleil se fait de plus en plus lointain. Direction Imlil, petit village au pied de la chaine.

Pour ce premier vol 'sauvage', en solo et depuis mon tout premier 4000, la sagesse et la prudence sont de mise. Arrivés à 1500m au dessus du village, quelques tours et balades alentours font remonter les montagnes à leur place au dessus de ma tête. La 'piste' d'atterrissage s'approche. Un grand champ de cailloux sableux formé par le torrent au fil des millénaires. Le sac chargé pour la course de 2 jours de bivouac en montagne me scie les épaules. Il est temps. Un bel arrondi, quelques pas et me voila de nouveau sur le plancher des chevrettes du coin. Bééé m'accueille t elle.

Ouf! Ce fut véritablement le truc le plus dingue de ma vie.

Petit clin d'œil et merci à Manu Bonte et Michel Diedrich qui tout deux m'ont bien briefer avant.