L’Espagne - Des Pyrénées au détroit de Gibraltar

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Le passage de la frontière pyrénéenne marque mon premier changement de territoire. Il ne sera pas le dernier ! Je quitte alors mon pays pour de vrai, cela me semble incroyable. Et je ne reviendrais pas de sitôt !

 

En plus de ça, je ne parle pas un mot d’espagnol. Il va falloir me rappeler à chaque conversation les chansons de Manu Chao. Mais franchement, dire « que hora son mi corazon » à tout bout de champ risque de mal passer à certains moments clés….
Le coté français des Pyrénées n’étaient que souffrances physique car montées interminables, mais le coté espagnol n’est que descentes, chose qui me semblait alléchante au premier abord ; Mais je déchante vite : le vent de face est si fort que je dois pousser fort sur le pédalier pour faire avancer ma monture ! Le monde n’est qu’une immense montée, croyez moi !
Je parviens tout de même à Organya, haut-lieu du parapente acrobatique. La crème des pilotes de voltige se réunit là chaque été. Une semaine durant, je retrouve sans surprise toute une joyeuse bande de Saint Hilaire du Touvet venue là s’entrainer. Théo, mon pote et acolyte de speed riding de l’hiver dernier, est de la partie. Ca rigole sec en l’air ! Lors que je vois les uns et les autres tout faire pour essayer de se foutre en l’air, j’aborde doucement les limites de vol de ma voile avec quelques décrochages bourrés d’adrénaline. Quel PIED !
Quelques jours à pédaler seul et je tombe par hasard sur Geoffrey, super VTTiste qui part pour le tour de la péninsule ibérique en trois semaines à raison de 200 kms par jour. Ben tiens ! Ce super athlète décide finalement de se mettre à mon rythme. Il insuffle à mon voyage le plaisir de la performance. C’est en effet une des clés de la liberté : qui peut le plus peut le moins. J’apprends ainsi à passer de 60 kms à 100-120 kms quotidiens. Et mes cuisses révèlent alors étrangement des muscles nouveaux. Tiens je le connaissais pas celui là ! Un jour où l’amitié me donnait des ailes, nous établissions mon propre record de 182 kms ! Lorsque je le laisse avec ses amis argentins à Malaga, c’est avec la ferme promesse de se revoir sur chaque continent. Il accompagnera ainsi le tour du monde à sa propre façon, en pointillés.
Tarifa, le point le plus au sud de l’Europe, antichambre du Maroc, fait son apparition au bout d’une longue descente avec vue sur le cap de Gibraltar. Deux falaises tombant dans le bleu de la Méditerranée, telles Charybde et Scylla, gardent l’étroit goulot qui ferme l’une des mers les plus polluées au monde.
Maintenant l’Afrique, le Maroc m’attendent. Derrière mes roues s’étend la vieille Europe, ma vie d’avant, la vie « normale », Je préfère l’aventure et fonce droit devant, jusque là, ça ne m’a apporté que du bonheur !