Au pays des crocodiles.

Australie - Message posté le

Voyager de nouveau avec quelqu’un. 

Après la mésaventure de plusieurs mois avec Seb je pensais être guéri tout à fait. Il faut croire que non car je remets ca avec Ilona sur deux mois entre Broome et Darwin. Inexpérimentée en matière de voyage en vélo, je dois prendre la place de professeur de la route. Même si nous rencontrons quelques écueils nous surmontons ces obstacles d’ententes avec la parole et le bon sens, deux ingrédients de la sagesse.  J’aime à partager ce que j’aime, elle aime apprendre tout ce qui touche à la vie du Grand Dehors. Elle décide même de poursuivre seule à travers l’Asie avec son vélo par la suite. J’apprécie aussi la solitude des distances et quelques heures ou même jours seul de tant à autres sont le médicament d’une présence constante. Nous réussissons notre pari, allez ensemble jusque Darwin en moins de deux mois, vent de face. 

Les arbres grandissent de jour en jour, coupant le vent régulier observé jusque là. D’un coté c’est un bon point car cela freine le vent de face, mais d’un autre coté cela rend le kite-bike impossible. Mon aile Ikon devient un poids mort bien en peine de voler.

Les crocodiles deviennent un souci prioritaire après les serpents et araignées venimeuses. Toute la région nord est enchantée de grandes gueules à dents acérées. Deux types sont observées : les « salties », vivant dans l’eau salée, extrêmement dangereux, et les « freshies » plus rares vivant dans l’eau douce et non dangereux pour l’homme. La solution serait évidente pour les éviter si ce n’est que les salties envahissent tout le territoire lors des grandes inondations de la saison humide. A la saison sèche, l’eau se retire et les crocos restent, se cachant dans les ‘billabong’, ces trous d’eau présents toute l’année, à l’affût de leur proie. Baignade interdite donc. Simple et ennuyeux.

Nous naviguons d’aire en aire de repos, à la rencontre des ‘grey nomads’. Beaucoup d’australiens à la retraite investissent dans de grandes caravanes armées de puissants 4x4 et partent sur plusieurs mois ou années autour du pays. Des histoires passionnantes, aux parfums de liberté contrastent avec d’autres récits plus standards, où les histoires se ressemblent à s’y méprendre à d’autres entendus maintes et maintes fois plus tôt. 

Il y a aussi ces nuées de backpackers, dans leurs jeunes années, l’air un peu blasé, conduits par la mode du Spot. Perth en février. Darwin en juin. Où réside le choix ? Certains nous offrent de l’eau, à manger, des bières même ! L’un est parapentiste aussi, l’autre passe régulièrement sur Allo la planète, chacun apporte un épice personnel au grand ragout des rencontres. Les questions fusent, toujours les mêmes. Lassé, je laisse Ilona répondre avec enthousiasme. Fraiche dans le cyclovoyage, elle ne se rend pas compte de l’infinie répétition qu’elles représentent après quelques années. 

Katherine nous repose dans ses sources d’eau chaudes, le Litchfield National Park se présente en piscines naturelles paradisiaques et routes en terre. Nous devisons d’étoiles et de galaxies innombrables au dessus de nos têtes. Quelle petitesse sommes nous, vraiment !

Sept semaines après notre départ de Broome, nous atteignons Darwin, la fin de la route australienne. Tous les backpackers rencontrés au cours du voyage sont là. 

12.000kms pédalés en 10 mois. Petite moyenne mais belle performance !