Perth et histoire de blé.

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Elle s’appelle la ceinture de blé, simplement parce que la région produit majoritairement du blé ; tiens donc ! Les champs de lumière dorée se succèdent entrecoupés de grands eucalyptus magnifiques. Je mets à peine 6 jours pour parcourir 700kms, ce qui établit une excellente moyenne selon moi d’abord, selon d’autres aussi sans doute, en tout cas je ne chôme pas. 

J’ai laissé Seb au début de cette route, lui partait le long de la côte. On ne se reverra pas d’ici son départ du pays. Je vole littéralement à travers le pays, ressentant une intense sensation de totale liberté, la vitesse et l’endurance s’ajoutent comme du petit bois au feu intérieur. Comme il est bon de se sentir libre et seul après une longue période de frustrations variées par l’Autre, ce Grand Ennemi du Moi. Je veux tourner à droite, que je tourne aussitôt à droite, rien à redire, puissant moment.

Les petites villes du coin ne voient pas la pluie de backpackers préférant eux la côte, belle certes, mais faite et refaite. Je me complais dans l’accueil étonné des autochtones, la confiance donnée aux gens de passage, il y a même une douche publique avec eau chaude svp dans l’une d’elle, instant extatique ! Harrisville se compose majoritairement d’UN pub,  fameux dans la région apparemment. J’y arrive au soir, à l’heure de pinte (facile celle là…), trois nanas géniales au bar m’offrent bière après bière, les frites – poissons frits suivent, je raconte 25 fois mon histoire, je dois m’inventer de nouvelles vies pour ne pas devenir gaga. Je les classe meilleur pub de mon séjour australien !

Perth, première impression : nous sommes en Californie. Le climat est doux, on sent la vie facile, bercée par les dollars miniers, les gens sont cools. J’aime assez bien malgré le premier choc du gigantisme urbain en arrivant sur l’autoroute le premier jour, après deux mois dans le bush. Ce contraste apporte la magie du ‘point de vue de l’extraterrestre’ selon Olivier Nobili de Carnets d’aventure. Ce point de vue qui nous permet de voir les absurdités ainsi que les bons cotés d’une société civilisé et urbanisé lorsque revenant d’un trip nature. J’en prends plein la gueule, pauvre E.T. !

Avec un nouveau nœud de civilisation vient de nouveaux contacts avec les pilotes locaux. Sam et d’autres m’introduisent au site de Mossman d’abord, en plein parc urbain. Plutôt technique, pas de pose en bas sinon l’eau ou bien quelques arbres. Certains jours magiques le vent et thermiques se combinent pour grimper à 500+m avec une vue imprenable sur la ville. 

On me kidnappe ensuite pour le fameux site de Mt Bakewell, le seul crosscountry de la région. La petite équipe de locaux dans la voiture s’efforce de me montrer le meilleur de leurs sites. C’est ce que j’aime beaucoup dans le voyage et parapente, partager la passion suffit à faire des pilotes locaux les meilleurs guides, ils veulent me faire ressentir à quel point leur site est magique ! Ce jour là l’équipe française (composé de moi seul) ne s’en sort pas si mal avec un petit cross de 33kms, grimpant à 1600m du sol, au dessus de quelques Willy Willy, ces petites tornades qui naissent de gros thermiques. Je reste à distance, ils peuvent détruire mon équilibre en un souffle ! Les couleurs jaunes alentours s’éparpillent à l’infini, je prends conscience de l’immensité de ce pays-continent une fois là haut. Et dire que je le grignote à vélo, fou de moi. 

Un mois a suffit pour me reconnecter avec mes vieux amis de France qui m’hébergent aussi. Biloute, Marianne, Ben, Luc, et quelques autres ont fait de cette pause une connexion salvatrice vers les racines de ma vie sociale. Ces expatriés partagent avec moi leur passion du kite, leur vision de la France lointaine à travers la lentille australienne et nous tapons quelques sorties d’anthologie en kitesurf dans les vagues.

Ben m’a offert sa petite voile à caisson de 4m2 Ikon pour me tracter en vélo.

Devant moi s’étend 4000kms de défi. Désert, vent, aridité. Western Australia est le plus grand et le plus sauvage des états d’Australie. Il est probable que je trouve sans trop de mal de belles zones pour pratiquer le vélo kite, le parapente sauvage, me perdre et me sentir minuscule dans cet immense univers. 

Pars, roule, et ne reviens jamais.