Pédaler et voler sur la Great Ocean Road

Australie - Message posté le

Seb et moi, Olivier, pédalons de concert maintenant. Nous devons trouver le moyen de cyclovivre ensemble sur plusieurs mois. Pas facile, on se montre les dents très vite ! Les vieux amis ne font pas forcément les plus faciles à vivre au quotidien. Nos deux personnalités entrent en collision dans de jolis étincelles, hautes en couleurs et faits divers, bref, on se marre ! Au final on trouve un bon expédient à passer quelques jours à pédaler chacun de notre coté, nous retrouvant chaque jour quelque part, donnant à l’autre ainsi la liberté de ne plus subir la présence ‘tyrannique’ de l’autre. Un véritable souffle d’air dans notre asphyxie de duo.

La Great Ocean Road, outre la beauté de ses points de vue Bretonnants, offre de superbes sites de vol en soaring. La falaise chute dans la mer et celle ci, sauvage, nous jette des reflets d’Antarctique, loin au sud. Une rangée de bons Apôtres, aiguilles de roches survivantes aux assauts du ressac, observe passivement les nuées de touristes de tous pays prenant mille photos, pensant tous que ce sont eux qui les regardent, et non l’inverse. Ce tsunami de touristes, de caméras, de vans loués et de foule déversée par les bus à des points trop précis  nous laisse un peu KO, surpris, avec une amertume pour l’idée de ce qu’est devenu l’humanité. Des filles viennent nous prendre en photo avec elles, nous devenons des rocks stars en un clin d’œil, alors qu’en fait nous sommes simplement des cyclistes dégueulasses de sueur et barbus à faire pleurer les petits enfants. Peut être quelque part nos vélos inspirent ils d’autres voies vers un tourisme moins envahissant ? En tout cas ca fait prendre des clichés.

Sur la route nous avons le plaisir de partager quelques jours avec Howard, cyclo-irlandais qui toujours a de quoi picoler sur lui !

Bells Beach, fameuse dans le film Point Break, Johanna Beach, Peterborough et Aireys Inlet viennent s’ajouter à la ribambelle de sites de vol d’En route avec Aile. Et quel soaring ! Les ailes se montrent extrêmement faciles à prendre en main, à mettre en œuvre dans des vents allant de légers à franchement forts, de vraies mobylettes des airs. Nous dansons dans les vagues de vent, faisant la nique aux surfeurs d’en bas, venant sans poids serrer la main aux curieux, et même offrant des vols tandems en rase dune à des gosses et leur mère sur la voile Ozone Ultralite 21m2, petit jouet aux possibilités infinies. Voir les photos.

Noël vient à notre porte, noël à la plage en T-shirt, le papa noël en camion de pompier et nous surplombant le ciel de Aireys Inlet où nous avons été hébergé à 200m derrière le décollage, Toni et Bridie, illustres inconnus quelques heures auparavant, nous ont offert tout un bungalow à l’arrière de chez eux. Au soir je tente un décollage avec mon vélo Baroudeur, sans succès néanmoins, le vent tombant avec le soleil au dernier moment.

Kingston est le départ d’une longue plage de 200kms, où nous testons en réel le vélo kite en vent arrière, sans grand succès comme prévu, mais le plaisir vient sitôt que le vent vient de coté.

Adélaïde est la troisième grande cité de notre périple australien. Nous sommes hébergés grâce au réseau warmshowers.org, un toit, du temps, et leur amitié naturelle nous comblent. Nous passons tous deux par des moments difficiles pour trouver nos repères dans ce cyclo-duo afin de le rendre vivable. Cette histoire me montre à quel point la bonne connexion avec Nadège est rare et précieuse dans la vie quotidienne d’un tel voyage.

Des vols magnifiques nous ouvrent les portes de la Péninsule Fleurieu au sud. Les pilotes locaux nous invitent à Tunkullila , collines de fermes et de mer, où 40 dauphins s’ébattent en groupe serré sous nos pieds dans un cross incroyable de 15kms le long de la cote, avec Kym Fielke de l’expédition Airborne retrouvés par hasard sur le déco. Sous nos pieds, la mer s’écrase contre les rochers à pics. Derrière, des collines de bush serré sans aucune option d’atterrissage. Et nous poursuivons gaiment notre vol, toujours plus loin dans des zones encore moins hospitalière. Si ce n’était pour jouer à chasser quelques kangourous bondissant, je serais rentré depuis belle lurette ! Mais le vent est avec nous et nous maintient comme par magie bien au dessus de ce vacarme de roche et d’arbres acérés nous menant toujours plus loin. 

Une vague de chaleur nous bondit dessus. On enregistre 46°C à l’ombre, nous sommes officiellement à cet instant la ville la plus chaude du monde ! Et nous pédalons la dessous, expérimentant ce qui nous attend probablement au fond du désert… mais sans ombre là bas ! L’air semble bruler mes yeux. Seb boit 1L par heure. C’est à ce moment là que nous commençons à dessiner les plans d’une piscine à roue pour le désert…