De Ambrym à Ouvéa – Tempête sous les tropiques

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Nadège écrit : 

Nous terminons par un dernier passage sur la petite île d’Emaé, où nous gardions un souvenir agréable de sa population lors de notre première visite. Les locaux nous emmènent pécher sur le récif. Après une coutume de respect à l’océan qui nous accueille (un biscuit et une prière), nous voici partis pour une belle partie de pêche ! Rougers, Langoustes, picots… mmmh, Adrien particulièrement se surpasse et tue tout ce qui bouge (Aïe pas mon pied, idiot) !

Puis vient l’heure du retour vers la Calédonie. Depuis Efate nous nous élançons dans le grand Océan pour à priori 2 ou 3 jours de navigation, le vent et les vagues de face, donc pas agréable. Mais rien n’est moins sûr en voilier. Le vent et la houle se lèvent plus tôt et plus fort (jusqu’à 40 nœuds) que prévu. 

Sans pilote automatique, les quarts de nuits à la barre sont très difficiles et il est presque impossible de dormir tant la coque frappe contre les vagues. Nous hésitons à faire demi tour devant la colère de Poséidon, mais décidons que ce serait pire étant donné les milles déjà parcourus. Alors, on tiens fort la barre tandis que le cap espéré s’éloigne… tout va mal!! 

Au troisième jour, l’intérieur du bateau est tout salé et trempé. Ballottés dans tous les sens, le mal de mer nous affame et nous sommes épuisés. Nous envisageons alors de nous abriter dans le lagon d’Ouvéa, une pause dans cette aventure en enfer. Pour gagner la tranquillité dans cette nuit qui n’en finie plus, il nous faut traverser une étroite passe avec un vent nous poussant contre le récif. Défi !

Nous comptons alors sur l’aide du moteur pour contrer cette force de la nature. Mais il décide avec la plus grande distinction de tousser et de s’éteindre dans un silence effrayant, nous abandonnant en pleine bataille à 100m du récif sous le vent. La peur est là, mais nous nous gardons bien de l’exprimer. A l’abri du regard des autres, je lance des prières muettes à la mer. « Vas-y Odyssée, tu peux y arriver !! ». Olivier négocie dur avec la barre et remonte péniblement au vent. 

Puis enfin, miracle, nous passons !!!! Sauvé, l’équipage explose de joie. Merci, nous sommes encore là. 

Cette aventure marine restera gravée dans nos mémoires comme la pire, c’est à dire la meilleure.

Quelques jours plus tard nous abordons le port de Nouméa, 1500 milles nautiques et bien des aventures humaines et marines derrières nous.