La fourmi et le volcan –Ascension du volcan d’Ambrym

Vanuatu - Message posté le

 Nadège écrit : 

L’île d’Ambrym nous offre la plus belle randonnée que nous ayons faite dans le pays. L’ascension du volcan Barum sur le plateau volcanique commence par la traversée d’une forêt tropicale. Puis l’on chemine dans d’anciennes rivières de laves jusqu’aux flancs verdoyants du volcan. Telle une fourmi le long de l’épine dorsale du géant endormi, le randonneur remonte doucement les crêtes acérées verdoyantes jusqu’aux lèvres du cratère. De là, il peut se délecter d’une vue plongeante sur un lac de lave en fusion, 400m plus bas, la chaleur lui fouettant au visage. 

Et il faut voir la couleur du ciel à la nuit tombée (cf photos) ! Nous bivouaquons une nuit seuls avec Olivier au pied du volcan. Nous sommes souvent à la recherche de ces faces à faces avec l’immensité des forces naturelles. Nous voulions être remis à notre place de petit homme, nous avons été exaucé. Ce fut une nuit effroyable sous les grondements de l’orage (ou du volcan, je ne sais plus). Une pluie diluvienne gonflait les rivières et notre angoisse d’être attaqués par d’énormes (mais paisibles), mais d’énormes quand même, araignées.

Olivier écrit :

La lave nous chauffe le visage. Nous observons alors le cœur véritable de notre planète mère. De larges bulles de laves explosent à la surface de ce petit lac rougeoyant quelques centaines de mètres plus bas. Le thermique généré doit être puissant ! Je prépare ma voile, il est temps de voler !

Il se fait que je tiens tout de même à cette vie sympa menée jusqu’ici sur Terre. Je me rappelle alors de prendre quelques précautions élémentaires. Un extincteur ne me sera pas spécialement utile, je préfère opter pour un choix judicieux de terrain de vol et surtout d’atterrissage. Le cratère, immense, offre un replat dans sa partie nord, tout à fait à l’abri de l’activité volcanique intense tout au fond. Je partirai donc du bord du cratère pour atterrir dans cette petite plaine et ainsi homologuer mon second vol de volcan en activité au Vanuatu, c’est à dire mon second vol complétement idiot ! Deux minutes de vol dans le soleil couchant, les volutes de fumées énormes crachant derrière moi et de sourds grondements tout autour, c’est la récompense d’être têtu comme une mule d’avoir porté stupidement ma voile jusque là. Eh bien ça le vaut largement ! Et j’ai deux « premières » à mon actif maintenant, youpi ! 

Lorsque nous repartons sur notre petit voilier, c’est pétole complète, la mer est comme un lac. Adrien remarque des formes noires étranges à un mille de là, nous pensons à des troncs d’arbres. Mais certaines disparaissent, d’autres réapparaissent, très lentement. Ce ne peut être des dauphins, qui sont toujours dynamiques. Nous approchons au moteur, coupons et terminons notre course au milieu du groupe. Ce sont des sortes de baleines, des globicéphales comme nous l’apprendrons plus tard. Soudain, à quelques trente mètres plus bas, nous voyons un énorme requin dans l’eau cristalline, probablement à l’affut d’un membre du groupe plus faible qui se laissera attraper un jour ou l’autre.  

Nous nous jetons dans l’annexe avec Adrien et ramons d’une baleine à l’autre. Toujours à nous méfier du requin comme d’un agent d’assurance, nous nageons quelques mètres sous l’eau, faisant face à ces géants des océans qui nous observent d’un regard curieux, puis s’éloignent d’une grâce pesante. 

Cette rencontre rare et précieuse, restera gravé dans nos mémoires.