Fêtes et aventures

Brésil - Message posté le

Brésil, Salvador de Bahia:

Me voila avec le continent entier devant moi, un géant à terrasser, kilomètres après kilomètres.

Il est temps de planifier la route. Cartes et Internet sont de parfaits supports pour ça mes premiers jours passés à la marina.

Il existe deux options pour repartir en voilier-stop par le Pacifique vers la Nouvelle-Zélande : soit de Panama en mars 2010, la voie classique, soit, plus ardu, depuis Ushuaia début 2010. Panama est plus aisé car c'est une des grandes routes maritimes des voiliers de plaisance, mes cibles privilégiées (et uniques). Ushuaia est une autre affaire, car seuls quelques Tabarly et Moitessier s'aventurent aussi loin au sud, au niveau des "40e rugissants", voir "50e hurlants" (noms maritimes donnés à ces latitudes 'difficiles').

Seulement Ushuaia c'est aussi une porte ouverte à l'Antarctique, des contacts sont déjà pris, un parapente au dessus des icebergs, imaginez le mythe!

De plus, ce serait passer à travers la Patagonie et la mirifique terre de feu, que du bonheur, du vent et du rien à perte de vue, sur des milliers de kilomètres, le rêve de n'importe quel aventurier !

En conclusion, j'opte pour la solution la moins hasardeuse au niveau voilier-stop et me fixe pour objectif Panama. D'ici à là je m'engage pour atteindre Mendoza en Argentine au pied du mont Aconcagua, point culminant des Amériques à presque 7000m, hélas inaccessible à la période (hivernale) de l'année où j'y serai. De là je bifurquerai pour le nord, suivant la quasi totalité de la cordillère andine jusqu'à Panama. Une jolie mise en jambe! Objectif: gagner 6 kgs de cuisse (j'en ai déjà pris 4 à jouer au Maroc).

Agression:

Du chaud, de l'action!

Salvador, centre ville, à la nuit tombée. 3 mecs et une fille, tout frais débarqué de leur voiliers 5 étoiles, marchent dans les rues à la recherche d'un gentil petit restaurant pour se remplir chrétiennement la panse. Deux gaillards demandent la pièce, comme il se doit ici avec des occidentaux grillés à 2 kilomètres.

Soudain j'entrevois mon ami Luis combattant un des types qui vient de lui faire la poche, une table vole carrément vers le type qui maintenant cours pour sa vie... Avec son larcin dans la main! Retournant sur nos pas à la rencontre de Charlotte laissée stupidement derrière, nous la voyons gisant à terre, le deuxième larron ayant tenté de lui voler son portefeuille ... jusque sous sa jupe! L'ayant agrippé, il l'a fait tomber à terre et ce n'est que plusieurs minutes de combat plus tard qu'elle se dégageait et que aide lui était apporté.

Ceci est notre deuxième jour au Brésil, bienvenue !

Noêl - Feliz Natal !

Seb, Charlotte et moi sommes rapidement prêts à quitter le rallye et Salvador. Nous allons sans trop savoir pourquoi ni où dormir vers l'île de Itaparica au sud de la ville. C'est la nuit de Noèl, nous parions que quelque chose de spécial va se passer et nous rendons tous à l'église, comme tout le monde ici.... Mais avec vélo et bagages. Fin de la messe, le prêtre vient à nous:

"- où logez vous?

-euuuuuh, bonne question!

- Venez chez moi!"

Padre Francisco n'a pas fini de nous étonner. Il a prié Dieu pour ne pas passer Noêl seul, (un peu comme nous quoi!) ce qui explique son enthousiasme à nous ouvrir grand la porte de son immense maison et de son jardin regorgeant de fruits exotiques. Nous apprendrons qu'il a par la suite hébergé Paul, voilier-stoppeur de même sur le rallye, puis qu'il décidait ensuite de prendre une année sabbatique! Si toutes les rencontres étaient comme celle-là...

Feliz ano novo 2009!

Mon ami et co-voiler-stoppeur Luis possède un terrain à Itacaré, 250kms au sud et grand spot de surf au Brésil. Nous nous décidons avec Seb à l'accompagner là-bas afin de passer le jour de l'an ensemble, question de terminer en beauté notre aventure francophone ensemble. Eux irons en stop, moi ... à vélo, qu'est ce que vous croyez, que j'allais y aller en hélicoptère ?

Je me tape donc ma première expérience de vélo sur le nouvau continent, pas une mince affaire, croyez moi! La route semble être animée d'une âme maléfique, prête à tout pour me terrasser à l'épuisement, grimpant, descendant sans cesse, le mot 'plat' semble être inconnu dans son vocabulaire. Le tout sous une température sûrement proche de celle de la fusion du métal. 45 degrés à l'ombre, mais il n'y a pas d'ombre. L'Europe gèle et moi j'ai le cerveau qui bout. Je me réveille à 5h pour rouler à la fraîche.

Troisième et dernier jour de vélo, il me reste 140 Kms alors que ma moyenne plafonne péniblement à 70. Je prends donc pour parti d'oublier les limites du corps humain et pédale, pédale, pédale, sans plus m'arrêter, ce serait tricher. Des kilomètres de pistes, une rivière sans pont et tout juste une vieille embarcation plus que louche qui a dû soudoyer Archimède pour ne pas couler, un soleil radieux et moralement destructeur, de longues côtes sans fin, plus rien ne m'arrête pour retrouver mes chers amis à Itacaré. Lorsque enfin j'y parviens (tout a une fin), épuisé mais tellement content, deux choses se passent:

1. Notre cher et bien-aimé président Nicolas Sarkozy, accompagné de sa remarquée épouse Carla Bruni me passe au-dessus dans un hélicoptère de l'armée brésilienne, après avoir passé quelques jours tranquilles dans un luxueux hôtel 5 étoiles, louant pas moins de 11 bungalows, pour leur "tranquillité". Ca a probablement dû coûter l'équivalent de plusieurs années de travail d'un brésilien moyen.

2. Mes amis, pour qui j'ai oublié ces 3 derniers jour que mon corps suppliait chaque instant de se reposer 3 mois dans une petite île du Pacifique (plate et sans vélo), ... ne sont pas là! Pire, aucune nouvelles d'eux sur les mails, rien, nada!

Au final, les voila qui arrive tranquille le jour d'après, 31 décembre. Nous quittons 2008 pour mieux accueillir 2009, 3 heures après la France, avec pleins de projets en tête.

La fête est dans la rue, à la plage, de superbes shows de capueira nous éblouissent, filles et garçons dansant du ventre dans des rythmes dingue derrière des voitures aux sonos dimensionnées probablement en proportion de l'ego de leur propriétaires.

Le nouvel an se passe sous les cocotiers, à dormir sur la plage, à nager et surfer dans les vagues d'une eau trop chaude pour accueillir le baigneur par le frémissement caractéristique de la fraîcheur des côtes françaises.

Feliz ano novo comme ils disent ici bas, et toutes ces sortes de choses!

03 Jan 2009 - Vol a Serra Grande. De gros rotors me font vivre le carnaval en avant premiere. Premier vol au Bresil, reprise apres quelques temps, rock'n'roll et petite frayeur. Bon garde-fou pour la suite!<br>Serra Grande, Bahia, Bresil